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8 janv. 2020

En ce début janvier, je vous propose un de ces plaisirs minuscules de la vie qui font le "sel de la vie", à la façon de Vincent DELERM 



Se coucher

         Sortir de cette journée éreintée d’un hiver effréné pour entrer dans ce nuage douillet et confortable. Les cris turbulents des enfants s’assourdissent enfin pour laisser place au plaisir silencieux de la chambre. Ce mutisme, cette fixité, ce vide, quelle consolation assommante après le vacarme! Dans ce havre de paix endormi, on se love, on se niche, ranimant des couvertures intimes, pour chasser, par frissons, la froideur hivernale qui a pénétré les membres. Les pieds glacés se réchauffent aux frottements des draps frénétiques et se réjouissent de recouvrer leur moiteur. Les bras enlacent l’oreiller désengourdi et câlineur pour se réconforter et retrouver la sensation de ce corps, un temps asservi, dépossédé de lui-même. Ah comme c’est bon de se sentir aimé! On se tourne, on se retourne, pour pétrir tel le chat cette couche accueillante ; la douceur de cette nouvelle enveloppe, caresse suave sur la peau, procure la satisfaction d’une récompense. Ces mouvements réveillent les effluves des draps frais qui gratifient les narines de senteurs lavande (ou fleur de coton peut-être?), réminiscence des étreintes rassurantes d’une grand-mère. Le corps se fait inerte, s’enfonce dans l’épaisseur remobilisée du matelas, puis s’enlise dans cet assoupissement envahissant. La mollesse de cette paillasse tasse avec délicatesse les fesses, la tendresse de ce berceau a l’effet d’un bon gâteau.
              
Et puis la respiration, ralentie, se règle au rythme de la trotteuse, gardienne du réveil ; la poitrine soulève la couverture gonflée; et bercé par la cadence régulière du lit, l’esprit oublie les tracas du quotidien. On s’engourdit sous l’épaisseur matelassée de cette couche brumeuse, on ne sent plus les jambes, cette inertie contamine centimètre par centimètre toutes les parties du corps, seul le souffle constant fait vivre ce lit reposé. La chaleur paralysante du sommeil s’insinue jusqu’à la conscience, qui, telle une bougie, s’éteint, ouvrant les portes d’un voyage onirique…      

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