Ma réponse à l'enquête de Louis Aragon qui demandait dans sa revue Littérature en 1919 "Pourquoi écrivez-vous ?"
Confrontée à cette interrogation ordinaire, j’enrage de
la formulation impropre !
Pourquoi « écrit » -on ? Ne pensez-vous
pas que de regrouper tous les actes de griffonner, sous ce même terme
« écrire », déshabille l’écriture de sa part de créativité ?
On peut écrire une liste de courses, une lettre
de motivation, un billet d’amour, de la calligraphie, un mémoire ; on peut
écrire pour se souvenir ou se souvenir en s’illustrant dans l’art de
l’anaphore, tel Perec.
Confondre dans ce même verbe « écrire », le
geste de créer à celui pragmatique du quotidien est terriblement
offusquant ! Comment ne pas rejeter cet inadapté qui subordonne au travail
plus noble d’imaginer, de transfigurer, une tâche triviale et matérielle ?
Pourtant, quel autre mot élire pour que l’écriture telle que nous l’envisageons
dans cette enquête se pare de la spiritualité et de la finesse que nous lui
recherchons inlassablement ?
Pourquoi
j’écris ?
Peut-être pour dénicher le mot juste, celui qui révèle
l’authenticité du moment, le degré d’une émotion, la nuance d’un instant. Pour
autant, ma plus grande frustration est d’échouer le plus souvent dans cette
quête du Graal.
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